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L’intérêt marqué par Salomon Nasielski pour la thérapie de couple n’est pas une nouveauté pour les lecteurs des AAT. Il a beaucoup écrit sur le sujet. Je pense notamment à un article où il encourageait vivement les psychopraticiens en AT à se lancer dans l’aventure et son frère jumeau actuellement disponible dans la revue Mieux-Être . Il y donnait également quelques conseils. Aujourd’hui, il repousse les lignes et nous offre un ouvrage complet sur le sujet tant pour les thérapeutes que pour les couples rencontrant des difficultés.
Complet d’abord dans la méthode. Toutes les questions à aborder par le couple et le thérapeute font l’objet d’une description détaillée, voire de vignettes et lorsqu’il s’agit d’aborder les dysfonctionnements, il propose une méthodologie précise, voire rigoureuse.
Deux parties majeures structurent le livre.
La première intitulée : « Comment avons-nous fait pour si bien pourrir ce bel amour qui fut le nôtre ? ». Y sont listés les 24 poisons de la construction du couple, mais aussi les contrepoisons et quelques conseils aux partenaires, baptisés « le point de vue de l’architecte ».
La seconde titrée : « Alors comment faire pour tout réparer » s’inscrit plus dans une dynamique avec des contrats précis, concrets… mais aussi écrits, ainsi que les procédures pour les mettre en œuvre.
Pour Salomon, « construction » est le maître mot de la thérapie et de la vie de couple, construction qui exige de la discipline (il insiste sur le mot), c’est-à-dire : « être une personne qui fait ce qu’elle dit… Ça s’appelle aussi être et rester un adulte… C’est le travail qui consiste à en finir avec son enfance ».
Tout un programme pour les réunions de chantier du couple construisant la charpente de son amour sous l’œil attentif et avec les conseils bienveillants de l’architecte !
Patrick Bailleau
Caniac du Causse
France
[1] Salomon NASIELKI : « Moi, thérapeute de couple ? Heu… » Revue Mieux-Être, mars 2012 (www.mieux-etre.org)
[2] Salomon NASIELKI : « Au lieu de nous séparer, nous avons construit à deux la charpente de notre amour », Édilivre, Saint Denis, Janvier 2019, 216 pages.
1975. Propos d’un diplomate et romancier. Lorsqu’il publie « Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable » Romain Gary est interviewé dans « Radioscopie ». Jacques Chancel : « Dans votre nouveau roman […] vous rendez peut-être aux femmes leur juste valeur, mais vous remettez tous les hommes à leur place. Qu’est-ce qu’ils prennent les hommes ! On va dire que vous trahissez la caste… » Romain Gary : « Ça m’a été dit. J’ai reçu des lettres de ce genre. J’ai également reçu des insultes d’une dame qui m’a affirmé que je minais la virilité de son mari et que j’étais un salaud d’avoir écrit ce livre-là. Je ne critique pas les hommes. Je critique deux mille ans de civilisation qui font peser sur l’homme une hypothèque de fausse virilité et de fanfaronnade de coq, de manifestation extérieure d’une virilité inexistante, ce qui est catastrophique ». [1]
2007. Propos d’une romancière… qui est loin d’être diplomate, Virginie Despentes : « Qu’est-ce que cela exige, au juste, être un homme, un vrai ? Répression des émotions. Taire sa sensibilité. Avoir honte de sa délicatesse, de sa vulnérabilité. Quitter l’enfance brutalement et définitivement : les hommes-enfants n’ont pas bonne presse. Être angoissé par la taille de sa bite. Savoir faire jouir les femmes sans qu’elles sachent ou veuillent indiquer la marche à suivre. Ne pas montrer sa faiblesse. Museler sa sensualité. S’habiller dans des couleurs ternes, porter toujours les mêmes chaussures pataudes, ne pas jouer avec ses cheveux, ne pas porter trop de bijoux, ni aucun maquillage. Devoir faire le premier pas, toujours. N’avoir aucune culture sexuelle pour améliorer son orgasme. Ne pas savoir demander d’aide. Devoir être courageux, même si on en a aucune envie. Valoriser la force quel que soit son caractère. Faire preuve d’agressivité. Avoir un accès restreint à la paternité. Réussir socialement, pour se payer les meilleures femmes. Craindre son homosexualité car un homme, un vrai, ne doit pas être pénétré. Ne pas jouer à la poupée quand on est petit, se contenter de petites voitures et d’armes en plastique supermoches. Ne pas trop prendre soin de son corps. Être soumis à la brutalité des autres hommes sans se plaindre. Savoir se défendre, même si on est doux. Être coupé de sa féminité, symétriquement aux femmes, qui renoncent à leur virilité, non pas en fonction des besoins d’une situation ou d’un caractère, mais en fonction de ce que le corps collectif exige. Afin que, toujours, les femmes donnent des enfants pour la guerre et que les hommes acceptent d’aller se faire tuer pour sauver les intérêts de trois ou quatre crétins à courte vue. » [2]
En relisant ces lignes mises de côté pour un autre projet, j’ai pensé : n’est-ce pas là que gît l’explication de la composition déséquilibrée de ma patientèle. Je reçois en moyenne 20 % d’hommes pour 80 % de femmes ? Et j’ai fait le lien avec l’analyse proposée par le psychothérapeute américain Terrence Real au sujet de la dépression masculine qu’il considère comme souvent « cachée » alors que la dépression féminine serait majoritairement « ouverte ». T. Real écrit : « Les hommes sont supposés ne pas être vulnérables. La douleur est quelque chose que nous devons dépasser. Celui qu’elle déprime en sera honteux et peut-être même que sa famille, ses amis voire les professionnels de santé mentale auront honte pour lui. Cependant, je crois que c’est cette douleur secrète qui gît au cœur des difficultés présentes dans la vie des hommes. La dépression cachée est à l’origine de plusieurs problématiques typiquement masculines : maladies somatiques, excès d’alcool, de drogues, violence domestique, échecs dans les relations intimes, carrières autosabotées ». [3] À l’inverse, culturellement, poursuit-il plus loin : « Les femmes sont autorisées à exprimer leurs émotions et à cultiver les échanges ». Elles parlent plus facilement de leur dépression et donc fréquentent plus facilement les cabinets des thérapeutes.
Qu’en pensez-vous ? J’aimerais vous poser trois questions :
1°) Est-ce que comme moi vous constatez une moindre présence des hommes que des femmes dans vos cabinets de consultation, moindre présence due aux raisons évoquées ci-dessus… ou à d’autres ?
2°) Est-ce que comme le relatent depuis quelque temps les médias vous constatez une plus grande facilité des hommes à exposer leur vulnérabilité ?
3°) Lorsque vous avez un de nos contemporains dans vos cabinets, comment procédez-vous avec les hommes qui sont dans une position fermée-défensive ?
Patrick Bailleau
Caniac du Causse
France
[1]« Romain Gary en 1975 : « L’absence de féminité dans notre civilisation est effrayante » », Le Monde du 20 octobre 2018.
[2] Virginie Despentes : « King Kong Théorie »,Grasset, collection « Le livre de Poche », 2018, Paris,151 pages.
[3] Terrence Real: « I don’t want to talk about it. Overcoming the secret legacy of male depression”, Scribner Paperback, New-York, 1997,383 pages. Cet ouvrage n’est pas traduit en français. Il s’agit ici d’une traduction personnelle.
La gestation pour autrui (GPA) s’est invitée bruyamment dans le débat initié par le Comité Consultatif National d’Éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE)[1]. Et les opinions extrêmes se sont souvent exprimées de façon brutale. Deux exemples : A la mi-avril de cette année, Alliance Vita a ouvert, dans le 2ème arrondissement de Paris, une boutique éphémère avec en vitrine des baigneurs en celluloïd pourvus de codes-barres ; la devanture proclamait : « Achat, Location, Ventre. »[2]. Dans les colonnes d’un grand quotidien du soir, à la même époque, la philosophe Élisabeth Badinter affirmait de son côté : « Les enfants nés
dans ces conditions, nous le savons par des études américaines, ne sont pas plus que les autres un gibier pour psy. » [3]
Pourquoi tant d’excès ? Après tout, la GPA n’est pas une pratique nouvelle. « Dix ans après qu’Abram se fut établi dans le pays de Canaan ; Saraï, sa femme prit Hagar, sa servante égyptienne, pour la donner comme femme à Abram son mari. Il alla vers Hagar qui devint enceinte. [4]» Et comme le fait remarquer l’ethnologue Françoise Héritier : « Tous les ersatz de la procréation naturelle que nous découvrons aujourd’hui ont - ou ont eu – peu ou prou des répondants institutionnels dans diverses sociétés historiques ou actuelles.[5] » De fait, ce qui se passait autrefois à une échelle modeste dans l’ombre d’une fratrie, d’une famille ou dans le cadre des règles d’un clan devient aujourd’hui avec la fécondation in vitro (FIV) un acte médical qui ne connaît pas de frontières.
Quel acte médical ? Il n’y a pas une, mais trois GPA qui peuvent chacune poser des questions spécifiques :
- Une GPA par insémination des ovocytes de la mère de substitution et le sperme du père d’intention.
- Une GPA par une gestatrice qui porte un embryon conçu in vitro par les parents du futur bébé.
- Une GPA enfin impliquant 3 personnes : une donneuse d’ovocytes, une mère gestatrice et un père d’intention qui donne son sperme.
Comme le soulignent la psychanalyste Geneviève Delaisi de Parseval et l’anthropologue Chantal Collard : « La parenté sociale, l’intentionnalité et la construction de toute parenté se
trouvent [donc] fortement réaffirmées dans la GPA…Elle est aussi très présente dans l’adoption, à cette différence près que, dans ce dernier cas, on ne peut créer un enfant pour
satisfaire un projet parental ; alors que, dans la GPA, c’est parfaitement réalisable. [6]» Nos schémas habituels en matière de parenté, de filiation, d’hérédité, de liens transgénérationnels sont chamboulés, d’où les questions que nous posons aujourd’hui :
- Quels sont les enjeux de la GPA pour notre pratique ?
- Quelles conséquences (positives ou négatives) avez-vous constaté dans votre pratique ?
- Quels témoignages pouvez-vous nous apporter sur la gestatrice ? Les enfants de celle-ci ? La donneuse d’ovocytes ? Les parents d’intention ? L’enfant né par GPA ? La fratrie de ce dernier ?
- Quels concepts de l’AT selon vous nous permettent de répondre aux questions soulevées par la GPA ?
- Pensez-vous que la GPA nous questionne sur notre éthique ?
Ce ne sont que quelques-unes des questions qui se posent aujourd’hui à nous analystes transactionnels. Il y en a bien d’autres. Il s’agit d’en débattre dans notre revue professionnelle
à la veille de la révision de l’actuelle loi sur la bioéthique. Elle date de 1994. Elle a été révisée en 2004. Elle fera l’objet d’un nouvel examen à la fin de l’année en principe.
Il est vraisemblable que nous ne serons pas fréquemment confrontés dans nos cabinets avec les questions que soulève la GPA. Alors pourquoi se questionner à ce sujet ? Françoise
Héritier, à mon sens, donne à nouveau la réponse : « L’action est possible parce que le réel n’est pas entièrement déterminé, certes, mais aussi parce qu’aucun système de représentation n’est clos totalement sur lui-même. Tous présentent des béances, des failles, et négocient au coup par coup avec le réel. Aucun ne va jusqu’au bout de sa logique ; tous supportent des exceptions. Ce sont ces béances, ces ouvertures, qui, si nous savons le voir, permettront d’engager des actions réfléchies. [7] »
Patrick Bailleau
1 Ce texte a été rédigé pour le n° 164 (Octobre 2018) de la revue Actualités en Analyse Transactionnelle disponible sur le site Cairn.info.
[1] CCNE, avis n°110, « Problèmes éthiques soulevés par la gestation pour autrui (GPA) », http://www.ccne-ethique.fr/sites/default/files/publications/avis_110.pdf.
[3] Le Monde du 13 avril 2018.
[4] « La Bible », Ancien Testament 1, Genèse 16, p.21, Traduction œcuménique de la Bible, Le livre de Poche, Paris, octobre 2015.
[5] Françoise Héritier, « Masculin, Féminin 1 ; La pensée de la différence », p.279, Collection « Essais », Éditions Odile Jacob (Poches), Paris, décembre 2017.
[6] Geneviève Delaisi de Parseval et Chantal Collard, « La gestation pour autrui », revue « L’Homme », n°183, 2007, pp.29-53.
[7] Françoise Héritier, « Masculin, Féminin 1 ; La pensée de la différence », p.12, Collection « Essais », Éditions Odile Jacob (Poches), Paris, décembre 2017.